le pilier du Frêney (4600m)

du 21 au 23 aout 2013.

un nom qui sonne tragédie et exploit, engagement et bouge toi l'oignon.

quelques années vallent bien pour concrétiser le projet.

cette fois, hardy la machine, toutes les conditions sont réunies. 

ainsi, le refuge Monzino nous accueille à 8h du matin, café et soleil chaleureux.

on croise Markus le Hongrois que l'on avait vu un mois plus tôt en solo sur l'intégrale de Peuterey.

le voici qui récidive sur le pilier Frêney, respect.

 

et baffe dans ta gueule lorsque l'on apprend que des tonnes de cordées sont parties beaucoup plus tôt, et il paraitrait même que certains se seraient fait dropper en hélico au col de Peuterey !!!

aahh c'est pas dieu possible !!

et pourtant si, enfin pour l'hélico, sais pas, mais les bivouacs Eccles ressemblent à un jour de marché...

 

on trouve 2 places par miracle.

2 Italiens effrayés par le monde et qui ont pris de l'avance sur l'itinéraire, merci.

entre temps, Karl MARX nous avait envoyé chier parce qu'un refuge à 6 places est un refuge à 6 places, donc pas même question de dormir par terre, bel esprit d'entraide à 3800m....

je commence à comprendre comment des pseudo alpinistes arrivent à passer à côté de mecs en perdition sans bouger le petit doigt à l'Everest.

on s'en sort bien finalement, mais pas grâce au barbu.

heureusement, le soleil brille, le cadre est à rêver et le con reste exception.

pop, 3 h du mat, on sort comme 2 bouchons de champagne du demi-tonneau. enfin, surtout Scal qui pète comme un haricot rouge moisi.

zoum, le col Eccles, vroum, la traversée au pied de la face et pas une frontale à l'horizon...

on attaque le pilier un peu trop à gauche, puis en rectifiant le tir, on aperçoit 1, 2, puis 3 cordées au dessus de nous !!

un vieux grigou m'avait dit :

"si tu veux doubler vite une cordée, fais un cabestan avec leur corde sur un point de protection !!"

Karl MARX me revient en tête et j'ai plutôt envie de bien me tenir.

Scal me dit alors :"on passe la seconde", et grace à son turbo haricot, en 3 longueurs, on double les 3 cordées sans presque les gêner.

on arrive au pied de la chandelle, plein d'émotions en pensant aux hommes qui ont lutté pour la vie ici.

A.VIEILLE, P.KOHLMAN, R.GUILLAUME et A.OGGIONI s'éteignirent, tandis que W.BONATTI, P.MAZEAUD et R.GALLIENI survécurent de justesse après 5 jours passés dans la tempête en juillet 1961.

également empreints de respect et d'admiration pour ceux qui ouvrirent cet itinéraire aux difficultés avant-guardistes.

quel combat cela a du être, un formidable combo de doutes, d'incertitudes, d'énergie et d'explosion de joie.

 

le pilier du Frêney, ouvert par C . BONNINGTON, Y. CLOUGH, J. DUGLOSZ et D.WHILLANS en aout 1961, suivis de près par R. DESMAISON, P. JULIEN, I. PIUSSI, Y. POLLET-VILLARD.

les histoires controversées et les différentes versions des protagonistes montrent que l'esprit de Karl MARX rodait déja à cette époque, transformant une extraordinaire épopée alpinistique en une pâle histoire de  jalousies frelatées.

 

il semblerait tout de même que les rosebeefs auraient damé le pion aux froggies avec droiture et élégance comme dirait Gaston, et que la digestion fut quelque peu acide pour des personnes dont la notoriété souffrit de devoir remonter le crux au prussik à la façon Poulidor !!

un bon dossard le dimanche aurait sans doute calmé les ardeurs des Narcisses excités.

le jeu en vaut-il la chandelle ?!!!

on se lance donc à travers l'histoire en compétition avec nous même parce que l'on aimerait se débrouiller un peu en escalade libre.

on finira bien loin derrière Poulidor en se jetant lamentablement sur les pitons avant de tomber, malgré une logistique de hissage de sac plutôt adéquate.

 

mais quelle ambiance !!!

assurément une course classe mondiale.

la suite sera plus tranquille et toujours très belle.

il faudra juste cracher quelques cigarettes pour venir à bout du mixte qui suivit et de la petite marche de récup jusqu'au sommet du Mont Blanc.

le retour par Gonella et son champ de crevasses nous obligera à réviser notre technique de saut en longueur datant du collège et à traverser le glacier de long en large, mais cette fois, l'accueil en vallait vraiment la chandelle.

vive l'Italie !!

faites l'amour, pas la compet.